La vallée du Loir, mon pays

Publié le 22 Novembre 2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La vallée du Loir est mon pays, attachement viscéral au pays natal fixé dans la mémoire de l'enfance. Ces paysages sont les miens, doucement vallonnés aux horizons verts et bleus. Des haies et des chemins creux qui abritent des secrets. Dans le jardin de la France, le Loir est une vallée discrète, un peu écartée mais d'un charme pénétrant et subtil. Les paysages délicats, variés, agréables et souriants expriment à merveille cette aimable élégance de l'esprit et du coeur. 

 

Le Loir naît aux abords du Perche, à Saint-Eman. Le long de ses 317 km de rives paresseuses, bien des jardins de curé et nombre de potagers maintiennent cette étiquette de "jardin de la France". Epicurien le Loir attire vignobles et cultures maraîchères. Bucolique, il se promène dans un paysage rural. Prince, il a des châteaux pour bijoux et son lit devient collier. Cultivé, il a écrit quelques belles pages de l'histoire de France.

Val des poètes et écrivains, Ronsard et Racan y sont nés. Balzac était élève au lycée de Vendôme. Zola est venu à Cloyes se documenter sur son ouvrage "La Terre". Il logeait à Chateaudun au "bon Laboureur". Marcel Proust rendit célèbre la commune d'Illiers en la décrivant sous le nom de Combray dans son cycle romanesque "A la Recherche du Temps Perdu". Il est agréable de suivre la promenade nonchalante du Loir de Vendôme à Briollay près d'Angers où il va donner naissance à la Maine avec ses cousines, la Sarthe et la Mayenne. Dans les craies de tuffeau la vallée s'enfonce. Tour à tour émergent des pans de roches où se plaque la lumière blanche et dorée avec de-ci, de-là des cavernes, des abris souterrains, des habitations troglodytes, des caves profondes puis au sommet d'un coteau, sur un promontoire, une ruine, une tour, un château. C'est Troô, Fréteval, Montoire, Lavardin, La Poissonnière, vieux manoir qui vit la naissance de Ronsard.

Puis la vallée s'élargit. le paysage apparaît plus vaste, plus dodu et opulent. C'est La Chartre-sur-le-Loir, Château-du-Loir, Nogent, Vaas.

Toujours plus large, plus prospère, la vallée accueille avec largesse. C'est Le Lude et son château, bijou de la Renaissance, la Flèche, Durtal, hautain et belliqueux avant de retrouver la douceur angevine.

La vallée du Loir recèle des trésors d'architecture rurale d'une incroyable variété intégrée au relief et au climat des campagnes. Le tuffeau, le bois, la tuile, l'ardoise racontent des histoires. Loir préhistorique, Plantagenêt, Roman, Gothique, Renaissance, châteaux et belles demeures, églises, moulins, loges de vigne, pigeonniers, lavoirs et autres curiosités témoignent de la vie quotidienne et de l'environnement des femmes et des hommes qui ont créé cette vallée et de celles et ceux qui ont décidé de continuer à y vivre. Le Loir harmonieux issu de traditions populaires s'offre à nous. C'est le terroir de Jasnières et du Chenin, des coteaux du Vendômois et du Pineau d'Aunis, de la pomme à Chenu, de la poule noire à La Flèche. Le canton de Château-du-Loir était réputé pour ses toiles de ménage et à voile pour la navigation de la Loire et du Loir, estimées les meilleures de France non pour leur finesse mais pour leur extrême solidité. Cette fabrication occupait un grand nombre de bras et de nombreux métiers étaient installés dans les communes environnantes. Tout le long de son cours, les moulins sont nombreux : moulins à tan, à chanvre, à foulon, à farine. moulins de La Bruère à La Flèche, Saint-Jacques et Pousset à Coëmont, de Rotrou à Vaas sont les témoins vivants de ce passé. Ils sont capitaux pour la régulation de la rivière et permettent aussi une navigation qui est possible depuis son embouchure, à Briollay, jusqu'à Port-Gauthier, sur environ 100 km. Celle-ci se faisait grâce à 36 portes marinières, une tous les 3 kilomètres. Leur passage était rendu périlleux du fait de la déclivité et du courant accéléré par l'étroitesse du passage. Il y eut de nombreux accidents. Gabares de 24 à 27 mètres de long et 4m60 de large, havriers, toues, futreaux employaient un grand nombre d'hommes du fait de la dangerosité des passages. "Vilains sur terre", "Seigneurs sur l'eau", ces mariniers surnommés "Chalandoux" et même "Chie dans l'iau" par opposition aux "Culs terreux" restés sur la rive ont fait la gloire du commerce du grand fleuve, ce "ch'min qui marche" et ses affluents dont le Loir, la Sarthe et la Mayenne jusqu'au début du XXème siècle. A la remontée on transportait de l'ardoise, des pierres à bâtir, du sel jusqu'à Château-du-Loir pour le grenier à sel de Neuvy-le-Roi. A la baisse, vers Nantes, des toiles, des briques, du bois, des carreaux dont ceux de Durtal. Le chemin de fer et la grande guerre auront raison de cette économie. Jusqu'à Chenu et Saint-Germain-d'Arcé on y joue à la boule de fort. Jupilles au coeur de la forêt de Bercé a été la capitale de la saboterie.

Par ses traditions architecturales, gastronomiques, viticoles, patrimoniales, la vallée du Loir plonge ses racines dans un riche passé. Son identité se veut discrète mais vigilante, terre de douceur, de culture, de plaisir et de qualité de vie.

 

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