LA PASSION DES CHAMPIGNONS

Publié le 1 Octobre 2017

L'automne est la saison du plus royal des végétaux : le champignon.

Il invite à la balade, à la connaissance, à la prudence et même au secret car le bon coin de champignon ne se dévoile pas. Il se cuisine selon des rites et il existe mille manières de le conserver.

Le vrai champignon est le sauvage, l'indomesticable, dont la dégustation ne relève que d'une quête patiente, minutieuse, du bon vouloir du temps, des lieux et des dieux.

 

Ma petite enfance est vide de souvenirs de ramassage. La science mycologique de mon père était inexistante et l'extrême prudence de ma mère m'avaient fait renoncer à toute cueillette.

En choisissant une carrière sylvicole, ce que je sais aujourd'hui je l'ai appris de gardes forestiers, bûcherons et ouvriers un peu braconniers. Désormais girolles, chanterelles, cèpes, pieds de mouton, coulemelles, trompettes de la mort... n'ont plus de secrets pour moi et depuis, si la saison le permet, je cueille des champignons dans les bois environnants.

 

Je garde en mémoire les fabuleuses récoltes avec mes deux garçons, encore tout jeunes, où après la cueillette on devenait spectateur d'un grand ballet gastronomique sous la baguette de Catherine dont les champignons étaient les étoiles.

Un premier choix, rapide, déterminait la fraîcheur des bolets et chanterelles. Ils finissaient le soir même dans la poêle en compagnie de quelques œufs, d'ail et de persil. Les plus beaux spécimens étaient soigneusement nettoyés et mis de côté pour une prochaine mise en conserve ou passaient directement au congélateur.

 

Il existe des milliers d'espèces de champignons et les éléments les différenciant entre eux sont innombrables.

Ils ont néanmoins un point commun ou plutôt une lacune : leur organisme ne comporte pas de chlorophylle. Les fleurs, les arbres, les feuilles, les herbes possèdent grâce à ce pigment complexe une sorte d'usine de transformation chimique qui leur permet avec l'aide précieuse du soleil de fabriquer les éléments nécessaires à leur survie.

 

Certains de ces cryptogames tirent leurs subsistances vitales de matières organiques en décomposition. On les nomme « saprophytes ». D'autres vivent au dépens d'organismes vivants (racines, troncs d'arbres, feuilles...). Ils deviennent alors « parasites » causant parfois de graves dommages à leurs hôtes qui peuvent en mourir.

Curieux personnage que ce champignon à la sexualité mystérieuse. Ses amours répondent à des règles singulières.

Au début est le mycélium, une touffe de filaments très ramifiés, souvent blancs formant le « thalle ». Lorsque dans un milieu favorable et sous certaines conditions, les mycéliums se rencontrent, la fécondation a lieu. Naissent alors des spores microscopiques qui deviendront champignons.

 

Les périodes les plus propices à la fructification des champignons comestibles débutent à la fin de l'hiver après les derniers grands froids.

Le printemps amène morilles et mousserons. En été on peut trouver les premières girolles, cèpes et lactaires mais ce sont les premières pluies de septembre qui vont déclencher le grand festival de toutes les espèces.

 

Mais avec les champignons, il faut être prudent car à côté des comestibles il y a ceux qui peuvent provoquer des troubles graves et parfois même la mort. Ils sont une trentaine d'espèces en France et malgré une belle allure et un parfum agréable, il est plus sage d'aller consulter votre pharmacien ou un spécialiste mycologue, manière la plus sûre de ne pas commettre d'erreurs.

En attendant de s'initier vraiment et complètement à la mycologie mieux vaut limiter sa cueillette aux girolles, chanterelles et cèpes qui n'ont pas de sosies vraiment vénéneux.

 

Certaines espèces ont un pouvoir hallucinogène et sont même utilisées en pharmacologie. D'autres se ramifient dans toutes les directions donnant chaque année naissance à des champignons disposés en parfaite circonférence. A l'intérieur du cercle, aucune végétation ne pousse. C'est pourquoi on les a baptisés « ronds de sorcières ».

 

Aura de magie, para-normalité, saveur, manière muette de se rebeller à la domestication et aux modes de vie artificielle, longue histoire ont sans doute contribué à maintenir fascination, séduction, envoûtement sans pour autant qu'il soit utile de faire l'expérience du champignon hallucinogène pour en savoir davantage.

 

Rédigé par Yves de Saint Jean

Publié dans #patrimoine

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superbe
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