DOBERT

Publié le 15 Mai 2022

 

 

« Il est plus beau de transmettre aux autres ce qu'on a contemplé que de contempler seulement. » Thomas d'Aquin.

 

 

Au hasard d'une rencontre ou d'une lecture, il suffit parfois de tirer sur un petit bout de la ficelle des mots de l'histoire pour faire ressurgir des événements, renaître des personnages ou découvrir des lieux que des générations soucieuses de la transmission ont voulu et su sauvegarder, rénover, embellir avec courage, abnégation et volonté parfois au prix d'un inconfort personnel mais pour notre plus grand plaisir.

Le nez au vent de ma curiosité, il en va ainsi de mes rencontres, découvertes, lectures que chaque semaine je tente, modestement, de vous faire partager.

Un petit article dans une « feuille de chou » locale m'avait amené à m'intéresser puis à vous narrer dans l'un de mes billets les aventures et le destin fabuleux du chevalier Denis de Bastard de Fontenay.

C'est ainsi que mon enquête me conduisit à quelques encablures de la ville de Sablé pour y rencontrer ses descendants sur les lieux même où vécut cet incroyable personnage oublié de l'histoire.

 

 

 

 

Le château de Dobert

 

Château de plaisance édifié dans un méandre de la Vègre, entouré de douves d'eau courante, le château de Dobert à Avoise dans la Sarthe est habité par la même famille depuis la fin du 15ème siècle.

D'architecture classique avec ses grandes fenêtres et ses pierres aux tons orangés, il a été agrandi au milieu du 18ème siècle pour lui donner son aspect actuel par Jean Baptiste de Bastard qui avait fait toute sa fortune en Chine « Il avait eu l'idée d'échanger l'argent métal qu'il possédait contre de l'or car, à l'époque, les chinoises raffolaient des bijoux en argent alors qu'elles n'avaient que de l'or », explique Hélène du Peyroux, la propriétaire des lieux, qui sait faire parler les objets pour raconter ce roman familial vieux de plus de 560 ans.

 

Restauré après la Révolution, il se vit également ajouter deux longs corps de dépendances. Son parc à l'anglaise a été dessiné au lendemain de cette période douloureuse par la Marquise de Bastard. Une allée de tilleuls, la cascade sur la rivière, l'orangerie ou encore un petit pigeonnier complètent, comme il l'est écrit dans le dictionnaire de la Sarthe de J.R. Peshe en 1836 : « l'agrément de cette charmante habitation que plus d'un prince allemand pourrait envier. »

 

« Le premier de notre famille est arrivé ici en 1460. C'était un certain Guillaume Gauquelin, argentier de la reine Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou. Je suis la dix-septième génération » aime à dire Hélène du Peyroux dont les yeux pétillent à la simple évocation de cette maison où tant de souvenirs abondent.

 

Au fil des générations, les habitants du château ont été marins, coureurs des mers, dragons, ecclésiastiques, et surtout agronomes, soucieux d'améliorer et faciliter les travaux agricoles. Des petits cartouches au-dessus des fenêtres du château représentant des fruits, des céréales ou du bétail ainsi qu'une grange monumentale ornée de la mention « Honneur à l'agriculteur » témoignent de cet attachement viscéral à la terre.

 

 

L'aqueduc avant restauration
L'aqueduc aujourd'hui

 

 

C'est encore à ce grand voyageur, officier de marine, Jean Baptiste Bastard que le château doit son singulier aqueduc construit en 1767. Il en avait découvert le modèle au cours d'un voyage en Chine.

Cet aqueduc servait à alimenter avec l'eau puisée par une machine hydraulique dans la Vègre les terres de la propriété, prairies, jardins, vergers et abreuvoirs pour les animaux grâce à de nombreux canaux encore visibles aujourd'hui.

En 2012, un groupe de randonneurs découvre l'édifice en triste état et propose une aide pour engager la restauration. Celle-ci a débuté en 2012 grâce aux soutiens de particuliers, entreprises et collectivités de la région.

 

 

 

 

Le château ouvre ses portes

 

Hélène du Peyroux, sa fille Nathalie Le Brethon, enfants et petits enfants ont à cœur de faire découvrir bien plus qu'un lieu : « c'est une histoire familiale inscrite dans la grande histoire. C'est un bel endroit mais ce qui a le plus de valeur c'est l'histoire qu'on a à raconter car à chaque époque on peut retrouver la trace d'un personnage de la famille. L'un a participé aux guerres de religions, quand l'autre a servi dans la marine sous Louis XIV. Les gens qui nous ont précédés ont écrit leurs histoires et nous aimons les partager », aiment-ils à préciser.

 

Récemment deux cloches, fondues spécialement pour les lieux, ont été accrochées, une pour l'horloge et l'autre est la cloche de service du bâtiment incendié l'an dernier et reconstruit depuis. La première porte le nom de Louis et la seconde s'appelle Antoinette, les prénoms de deux membres de la famille.

 

A Dobert les générations s'entremêlent. Les tableaux des siècles passés croisent les photos d'aujourd'hui. On baptise encore les nouveaux nés dans la chapelle : « c'est très important que la propriété se transmette et reste dans la famille, c'est tellement rare de nos jours », confie avec optimisme Hélène du Peyroux. Mais elle peut se rassurer car ses nombreux arrière-petits-enfants forment déjà la vingtième génération.

 

 

la cascade

 

Si vous aimez comme moi les lieux qui savent allier la mémoire, l'histoire, la transmission et la passion, je vous invite à découvrir ces lieux qui font l'objet d'une inscription aux monuments historiques depuis le 24 juillet 1989.

 

Le château vous ouvre ses portes. Vous y serez accueilli par la famille.

On peut se promener librement dans le parc de Pâques aux Journées du Patrimoine.

 

La visite du rez-de-chaussée et de la chapelle est guidée et sans réservation aux dates suivantes : 15 mai, 19 juin, 9 juillet, 7 août et 18 septembre.

 

 

 

 

Renseignements et réservations : 06 17 50 81 44 – 06 03 84 78 07

 

 

 

Bonne semaine et agréable découverte !

 

 

 

Denis de Bastard de Fontenay

 

Rédigé par Yves de Saint Jean

Publié dans #patrimoine

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