GRISONS -NOUS DE MIEL
Publié le 19 Mars 2022
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_68947d_honey-752145-960-720.jpg)
« Un miel pur coule de tes lèvres, ô fiancée, le miel et le lait, sous ta langue ; l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban.»
Verset 11 du chapitre 4 - Cantique des cantiques.
Réputé divin, synonyme de toutes les douceurs, symbole de terre promise et de paradis, une légende assure qu'il ouvre les portes du ciel.
Élaboré depuis des millénaires par l'abeille, un petit insecte obstiné, aucun aliment n'apporte sous aussi peu de volume autant d'éléments nutritifs précieux et immédiatement assimilables par l'organisme : le miel.
Son histoire est ancienne. Il est dit que le Cerbère enchaîné à la porte des enfers terrorise les morts eux-mêmes. Que nul ne s'en inquiète, il suffit d'observer les rites. Un gâteau de miel placé dans leurs tombes en même temps que l'obole ferme sa triple gueule vorace. Dès la plus haute antiquité voici donc le miel confondu au ciel.
Aliment commun de toutes les civilisations,
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_d669a5_bee-4733303-960-720.jpg)
Le terme miel est apparu dans la langue au 10ème siècle, il vient du latin « mel » lui-même issu du grec « meli ».
Utilisé tant en médecine pour ses propriétés antibactériennes et cicatrisantes qu'en cosmétique et en cuisine. Perçu comme l'élixir de longue vie et le médicament des médicaments souvent appliqué pour soigner les blessures et les coupures, le miel était aussi utilisé durant les cérémonies religieuses dans de nombreuses anciennes civilisations.
En Égypte, il a un rôle dans le rite funéraire puisque les Égyptiens procédaient à l'embaumement des corps pour les conserver avec une mixture à base de miel, de cire, de propolis et de plantes.
Des hiéroglyphes découverts dans les pyramides montrent l'importance de cette matière sirupeuse sucrée et de couleur ambrée dans le quotidien. La méthode d'élevage des abeilles la plus ancienne que l'on ait pu retrouver remonte à plus de 4500 ans. Elle est exposée en Basse Égypte, dans le temple du soleil d'Abou Ghorab.
Dans la tradition musulmane, des fleuves de miel coulent au paradis.
Pour la chrétienté, la « terre promise » est un pays ou ruissellent le lait et le miel. La plupart des remèdes prodigués à l'époque étaient d'ailleurs faits à la base de vin, de miel et de lait.
Il était également la nourriture des dieux de l'Olympe. C'est pour cela qu'étaient préparés des biscuits au miel pour leur donner en offrande. L'un d'entre eux, Dionysos, le fils de Zeus, a même été exclusivement nourri de miel et du lait de la chèvre Amalthée.
La déesse Héra, épouse de Zeus qui représente la jeunesse, offre du miel aux dieux afin qu'ils évitent de vieillir. C'est la raison pour laquelle, au cours de cérémonies funèbres, le mort emportait avec lui des gâteaux de miel pour qu'il les offre à Pluton, dieu des Enfers, afin que celui-ci lui procure la santé et le bien-être dans l'au-delà.
Chez les Romains, c'était un produit d'offrande sacré aux dieux. Les prêtresses de Cérès, la déesse des moissons, de l'agriculture et de la fertilité, s'appelaient abeilles et sa fille se nommait Mellita.
Chez les Mayas, les abeilles sont confiées par les Dieux. Le miel est d'ailleurs la base du « balche », une boisson alcoolisée qui leur permet d'entrer en contact avec les Dieux lors des cérémonies religieuses.
Toutes ces civilisations ont le miel comme symbole de plaisir, de douceur mais aussi de sagesse, de vérité et de connaissance. Il est le remède de tous les maux.
« Un rayon de miel est doux à ton palais, sache que la sagesse est la même chose pour ton âme. »
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_e2ccb8_honey-3434775-960-720.jpg)
Sans penser une seconde à cette grande portée symbolique, c'est ce nectar des dieux que nous allons aujourd'hui acheter chez notre épicier ou l'apiculteur sur le marché.
Pour nous faire pardonner, commençons par nous instruire en allant batifoler derrière une abeille qui, elle n'est pas là pour s'amuser. Nos divines princesses doivent butiner sans perdre de temps car les circonstances ne sont pas toujours favorables et la miellée ne dure pas longtemps.
Attention ! Accrochons-nous, ça décoiffe !
Ce petit insecte pèse environ 80 à 100 milligrammes. Il vole à 20-25 km/heure en battant des ailes 200 et jusqu'à 250 fois par seconde.
Par voyage, la butineuse visite 50 à 300 fleurs pour récolter en moyenne 20 à 30 mg de pollen et 50 ou 60 mg de nectar, soit presque la totalité de son poids. Par jour, elle inspecte entre 1000 et 5000 fleurs et parcourt 10 à 30 km pour rapporter de 500 à 800 mg de nectar.
Chaque heure, elle butine 500 à 700 fleurs dans un rayon de 3 km soit 6000 terrains de foot.
Pour produire 1 kg de miel, notre colonie de butineuses pratiquent 67 000 allers et retours, visitent 5 millions de fleurs, parcourent 95 fois le tour de la terre soit la distance de la terre à la lune.
On pourrait croire que l'abeille sent le parfum des fleurs à longue distance.
Que nenni, son flair n'est pas supérieur à celui de l'homme mais la butineuse danse. Sa chorégraphie frétillante en rond indique à la colonie la direction, évalue la distance, l'orientation du parcours de la source à miel
Mieux encore, sa peau retenant les odeurs de fleurs, ses collègues, en la flairant, savent quelles fleurs il faut rechercher.
Selon une autre étude notre abeille dispose d'une glande située sur l'abdomen qui émet soit une odeur, soit une onde captée par les butineuses en quête de nourriture et cela à une grande distance. Dès qu'une éclaireuse a repéré une floraison importante, l'organe entre en jeu et la colonie alertée accourt.
Elle a l'instinct du travail à grand rendement. Elle peut délaisser le butinage des plantes très mellifères mais rares pour se livrer au butinage des plantes moins mellifères mais plus abondantes. Laborieuse, elle est aussi méthodique. Dans la journée, elle ne visite qu'une même espèce de plantes. C'est l'affaire des spécialistes de séparer le nectar recueilli sur telle fleur, du nectar butiné sur telle autre surtout quand la floraison se fait à la même époque. Dans leur jabot, les nectars de deux fleurs différentes ne sont jamais mélangés et celui provenant des mêmes fleurs est généralement groupé.
Le miel a ses appellations comme le vin a ses crus
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_610f02_bees-4845211-960-720.jpg)
Voilà notre abeille chargée de nectar.
Que contient-il ?
Du saccharose qu'elle transforme, grâce à l'invertine* en glucose et en lévulose directement digestible et assimilable. Il contient des protides, oligo-éléments, vitamines, enzymes, matières minérales en quantité faibles certes, mais la valeur d'un médicament ou d'un aliment est fonction de la facilité avec laquelle il est absorbé. Le principe homéopathique est tout à fait semblable.
Le sucre industriel, lui, est un aliment mort ayant subi des transformations et modifications très lourdes pour le rendre assimilable par l'organisme. Ce peut être une drogue parfois un danger.
Le miel est donc l'aliment vivant par excellence.
Il contient le principe actif des plantes butinées. Ainsi le miel d'aubépine a la réputation d'être un calmant cardiaque. Pourquoi ? Parce ce que la « crataegus » (aubépine) contient un principe actif qui régularise le rythme cardiaque et améliore l'oxygénation du cœur en facilitant la circulation du sang dans les artères coronaires.
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_ebbe09_20150607-123516.jpg)
Trèfle, lavande, acacia, tilleul...
Parmi les 4500 espèces végétales les abeilles n'en fréquentent que 450 avec un grand éclectisme.
Sainfoin, trèfle, sarrasin, bruyère, serpolet, lavande, romarin, colza, bleuet et même pissenlit en passant par les arbres, tilleul, acacia, châtaigner, sapin... Aux yeux des apiculteurs une quinzaine de ces plantes sont importantes. Le miel de pays a ses appellations comme le vin a ses crus.
Le miel de tilleul est fortement coloré, visqueux, d'une odeur et d'un goût balsamique très agréables. Celui d'acacia possède un parfum subtil et délicat. Le sainfoin est le plus recherché en raison de sa blancheur, de sa finesse et de son goût neutre. Le romarin fournit un miel de soleil qui dégage une odeur caractéristique due à une huile contenue dans toutes les parties de la plante. Le sarrasin, plante très mellifère donne un miel brun rougeâtre au grain fin et régulier, très estimé pour les pains d'épices. Celui de sapin, très rare, tire sa particularité également de sa grande richesse en oligoéléments.
L'or des abeilles
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_b00eb5_soil-honey-1534287-960-720.jpg)
Le miel est obligatoirement un produit 100% naturel ; la législation interdit tout apport de quelque sorte : colorants, parfums, conservateurs.
Cet « or des abeilles », tout le monde l'adore mais n'y pense pas vraiment. Alors que nous consommons annuellement près de 33 kg de sucre par an et par habitant, nous ne mangeons que 600 g de miel pendant la même période, ce qui est peu. Pourtant la première qualité, la fonction essentielle du miel est d'être un sucre mais un sucre naturel, pur produit des abeilles, assimilable rapidement et sans surcharge pour l'organisme. Il peut donc être le moyen le plus évident, le plus agréable de diminuer le sucre industriel dans nos rations quotidiennes sans pour autant perdre le goût du sucré.
Lorsque la nature vous fait don d'une telle richesse, lui faire une place de choix dans son alimentation doit tomber sous le sens.
Alors ajoutons un peu de miel dans la vie. Pour le plaisir, la santé, l'énergie comme une sorte d'hommage à ces infatigables et merveilles butineuses : les abeilles.
* Invertine : diastase produisant l'inversion du saccharose en glucose et lévulose.
PAIN D'ÉPICES
FAÇON CATHERINE
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_a223e8_pain-d-epice-orange.jpg)
Pour 2 moules à cakes de 26 et 28 cm de longueur :
Dans un saladier verser 250 g de farine T 45, 250 g de farine de sarrasin, 150 g de sucre en poudre, 1 c.s. de cannelle, 3 anis étoilées concassées grossièrement ou 4 c.c. d'anis en grains, 1 c.c. de poudre à pain d'épices, 1 bonne pincée de sel, 1 c.s. de bicarbonate de soude. Mélanger au fouet à main.
Ajouter 5 c.s. de miel liquide, 500 g de lait. Bien mélanger le tout. Réserver.
Préchauffer votre four à 180° 15 mn.
Foncer vos 2 moules avec une feuille de papier sulfurisé. Passer du beurre fondu au pinceau sur le papier.
Remplir vos deux moules et les enfourner 55 mn à 180°.
Tester la cuisson avec la lame d'un couleur. Prolonger de quelques minutes si nécessaire.
Laisser tiédir avant de sortir les pains des moules et dégager-les des feuilles de papier.
Quand ils ont refroidi, les enfermer dans un film alimentaire et ne les déguster que 48 heures plus tard. Tous les arômes se seront ainsi développés.
Vous pouvez en congeler un.
Une crème anglaise ou au café se marient très bien avec ce pain.
Bonne semaine !
Yves
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_85fdb3_bee-2634335-960-720.jpg)
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_acb158_20200510-114333.jpg)
/image%2F2192780%2F20220319%2Fob_ff9558_daisy-4512376-960-720.jpg)