OISEAUX - OPERATION PORTE-OUVERTE

Publié le 17 Mars 2024

Mésange, aquarelle, pastel

 

 

 

Le printemps est là, les haies, les creux des arbres, les trous des vieux murs dissimulent une vie grouillante. Si l'on prête l'oreille, on peut entendre quelques sifflements et piaillements qui prouvent la présence de nichées et d'oisillons affamés.

C'est la période où de nombreux nids sont construits.

Aussi, ai-je eu l'idée d'organiser une sorte de porte-ouverte pour partir à la rencontre des bâtisseurs de ce nouveau printemps et faire connaître quelques habitudes, manies et astuces des différentes espèces de la gente ailée qui vit à Saint-Jean qui cherche à échapper à la vue des curieux et aux mauvaises intentions pour protéger sa marmaille.

Mais avant de dévoiler ces quelques secrets, sans une réelle importance, je devais, par politesse et respect en référer au roitelet, petit prince des lieux et à son trublion d'adjoint, le rouge-gorge.

M'ayant donné leur accord sous la forme de délicieuses vocalises, voici le résultat de mes investigations.

 

Exception faite du coucou la grande majorité des oiseaux construisent un nid pour y couver leurs œufs et y élever leur nichée. Certes tous ne sont pas architectes en puissance, mais beaucoup rivalisent d'habileté et d'imagination, cumulant avec leur bec et parfois avec leurs pattes plusieurs corps de métiers pour devenir tisserands, terrassiers, maçons ou charpentiers. Petites entreprises de récupération qui recyclent poils de chiens, de chats, brins de laine, herbes, mousse, lichens, copeaux, feuilles ou brindilles.

 

 

Merle, aquarelle pastel

 

 

Plusieurs couples de merles se sont installés autour de la maison. Ils avaient quasiment disparu il y a deux ou trois ans suite à un virus venu d'Afrique du sud. Je les vois le matin au lever du jour picorer des vers sur la pelouse. Le premier nid repéré est dans la haie de lauriers, l'autre au creux d'une gerbe de brins d'osier que je m'étais réservés comme tuteurs pour les pois gourmands. Le dernier est caché dans les petites branches de la glycine. C'est la femelle qui choisit le site et le construit en forme de gamelle. Monsieur, lui, observe et donne des conseils. La première couvée nait en mars et il n'est pas rare qu'il y en ait trois dans l'année.

 

 

Roitelet, aquarelle

 

 

 

Les hirondelles de cheminée ne vont pas tarder à arriver de retour de leur grand voyage. Elles reprendront possession de leurs nids de torchis collés à la grosse poutre de la grange comme l'an passé.

Plusieurs roitelets se partagent le petit royaume de Saint Jean. Bâtisseurs fous et maris volages, il peuvent construire pour leurs conquêtes deux, quatre, sept et jusqu'à douze nids en forme de hamac tapissés de brindilles, herbes, plumes, poils d'animaux, ficelles et même mues de serpents. Ils volent de chantier en chantier, ici un trou dans le mur, là un pot de fleurs retourné, plus loin la poche d'un vieux veston, ils ne manquent pas d'imagination et de dynamisme.

Madame peut avoir deux couvées dans l'année de neuf à douze œufs qu'elle couve environ seize jours, nourrie par notre boule de plumes infatigable qui voltige d'alcôve en alcôve pour nourrir autant de mignonnes qu'il a su séduire.

 

 

 

nid de mésange

 

 

 

 

A l'abri des regards

 

 

Les allées et venues incessantes des parents pour ravitailler leurs oisillons peuvent signaler à un œil exercé, l'emplacement d'un nid même bien dissimulé. Il est alors possible, avec de grandes précautions d'apercevoir les jeunes blottis les uns contre les autres, ouvrant un large bec en quête de chenilles ou de vers. Mais le mieux est de les laisser tranquilles.

Si certains oiseaux ont choisi de construire leur nid à ciel ouvert, d'autres espèces préfèrent se dissimuler au moindre regard. Certaines espèces iront nicher au fond d'un tunnel creusé dans la terre, à flanc de falaise ou dans la berge d'une rivière, au cœur des troncs d'arbres ou dans l'obscurité de fissures de rochers.

 

 

 

Chardonneret

 

 

 

Tout un petit peuple

 

 

Toutes proches et nombreuses autour de la maison, les mésanges bleues et charbonnières dissimulent consciencieusement leurs abris dans les endroits les plus divers. De tendance cavernicole, elles préfèrent un pommier creux, les nichoirs que j'ai posés à plusieurs endroits, un trou dans un vieux mur, tout en étant parfaitement capable d'occuper la boîte aux lettres.

Les mésanges confectionnent avec beaucoup de soins leurs petits « cocons ». La femelle mésange bleue construit son nid toute seule, avec peu ou pas d'aide du mâle. C'est une accumulation de mousses, plumes, lichens, pelouse du jardin, toiles d'araignées, bouts de laine qui va constituer une coupe des plus douillettes pour accueillir jusqu'à une douzaine de petiots.

Les œufs tout juste éclos, commencent les travaux forcés pour les parents. Ce sont des centaines de voyages quotidiens qui seront nécessaires pour rassasier la petite famille. Une mésange peut consommer 500 chenilles par jour.

 

 

 

Pivert

 

 

 

Dans la vieille peupleraie en face de la maison, chez notre voisin, c'est le domaine des pics ; le pivert avec sa calotte rouge, sa fine moustache rouge entourée de noir, son dos vert et son croupion jaune et son cousin le pic épeiche au plumage noir blanc et rouge, ils ne passent pas inaperçu.

Je les entends quotidiennement marteler les vieux troncs pour percer leur loge de leurs becs puissants, véritables marteaux-piqueurs. La dimension et la forme du trou signalent l'identité du propriétaire qui chaque année, recreuse une nouvelle loge.

Ils y déposeront leurs œufs à la dure, à même le bois ou au mieux avec quelques menus copeaux mêlés de sable fin. Selon les espèces, les nids se situent plus ou moins haut. Ainsi le pic épeiche construit à 3 ou 4 mètres, le pic vert peut s'établir à un mètre du sol mais le pic noir, le plus grand de nos pics préfère les hauteurs. Certains poussent le raffinement jusqu'à abriter l'entrée du nid sous le large chapeau d'un champignon parasite.

 

 

 

Sittelle

 

 

 

Très discrète, la petite sittelle torchepot au plumage bleu-gris, courant comme une souris autour du tronc, choisit un vieux trou d'arbre, une fissure de rocher ou la loge d'un pic de l'an passé. Si certains oiseaux préfèrent agrandir leur nouveau logement, dame sittelle préfère rétrécir l'entrée de ses futurs appartements. Elle en maçonne l'orifice pour le réduire à sa taille, à l'aide de boulettes de boue. Elle pousse parfois le luxe de boucher les fissures pour une meilleure isolation. Pour accueillir la progéniture, elle garnit l'intérieur d'un lit de feuilles mortes et de fragments d'écorce. Le nid verra grandir de six à neufs rejetons.

 

 

 

Mon rouge-gorge, aquarelle, pastel

 

 

 

Chaque matin, mon ami le rouge-gorge, s'installe fièrement sur le dossier du banc devant la maison et attend les quelques miettes du petit déjeuner que je jette. Il sont plusieurs autour de la maison, tous aussi bagarreurs et teigneux. J'ai trouvé un nid dans un creux de parpaing abandonné et un autre à une entretoise de la charpente du hangar tous deux faits de brindilles, d'herbes, de feuilles sèches et de mousse. C'est madame qui a choisi, l'emplacement du nid qu'elle a construit seule en quatre jours maximum, un vrai record.

 

Je ne compte plus les tourterelles et les pigeons. Les premières font leurs nids en petites plateformes composées de racines, brindilles et des tiges dans les haies ou sur les branches hautes des arbres. La femelle y pond généralement deux œufs mais elle peut pondre six fois par an essentiellement entre février et octobre. Ils seront couvés par les deux parents à tour de rôle pendant 14 à 18 jours.

Quant aux pigeons, nous avons quelques différents au jardin et nous sommes souvent en bagarre. Ils occupent les grands sapins au fond du jardin et le vieux tilleul. Couple fidèle pour la vie, ce sont les deux parents qui font le nid, une plateforme de 20 à 30 cm de diamètre. Monsieur récupère les matériaux fait de brindilles, paille et herbes sèches et c'est madame qui construit.

 

 

 

Un nichoir dans le sureau du jardin

 

 


Mangeoire et nichoirs

 

 


Grâce aux aménagements que j'ai effectués dans le jardin et autour de la maison en installant mangeoires et nichoirs, j'ai remarqué que chaque année de nouvelles espèces d'oiseaux fréquentent les lieux et viennent s'installer. Outre la volée de moineaux qui s'approvisionnent en grains au poulailler, j'ai repéré de magnifiques chardonnerets. Il y a aussi quelques rouge-queue et des pinsons dont le nid est toujours bien camouflé, souvent invisible car construit lorsque les feuilles sont déjà bien développées. Sa construction caractéristique en forme de coupe dure de trois à dix-huit jours et nécessite, d'après les ornithologues, jusqu'à 3600 trajets pour récolter les matériaux.

Parfois une pie vient jacasser au sommet du sureau et un geai loin de sa forêt de chênes nous rend visite.

 

 

Coucou

 

 

Mais le plus étrange de ces volatiles qui ne réside pas à Saint Jean mais que l'on entend au début du printemps est sans conteste le coucou dont la femelle à une manière bien singulière de pondre. Elle fait ce qu’on appelle du parasitisme de couvée. En effet, elle a la particularité de ne pas faire son nid elle même, mais de s’octroyer celui d’une autre. Elle repère un nid dans lequel des œufs ont déjà été pondus, et attend que la femelle de ce nid parte chercher à manger.

Elle vole ensuite jusqu’à ce nid et pond son œuf, après en avoir gobé un car les oiseaux savent combien d’œufs ils pondent. La mère pourrait alors abandonner sa couvée si elle s’apercevait qu’elle couve un œuf de trop. Ainsi, la mère abusée couve à la place de la femelle coucou.

Le jeune coucou gris sort de son œuf souvent un ou deux jours avant ceux avec qui il partage le nid. D’instinct, et bien qu’il naisse aveugle, il profitera de l’absence de sa mère adoptive, qui le prendra pour l’un de ses petits, pour jeter les autres œufs hors du nid, à l’aide de son dos creux, en forme de cuillère. En réalisant ce méfait , le coucou gris aura toute la nourriture nécessaire pour grandir, ses potentiels « frères et sœurs adoptifs » n’étant plus là pour partager les repas avec lui.

 

 

 

Une de nos chouettes effraies qui nichent dans le grenier

 

 

Se cacher pour survivre

 

 

Préservés de nos regards parfois indiscrets, partiellement à l'abri des intempéries, protégés par le bois, la pierre, la terre, les jeunes oiseaux devront cependant surmonter bien des épreuves et des dangers extérieurs avant de prendre leur envol. Le froid, l'humidité, les eaux de ruissellement et les attaques de prédateurs, feront de nombreuses victimes. Serpents, belettes, fouines et autres petits carnivores sont toujours à la recherche de tendres oisillons. Mais la nature, si on la laisse faire, s'est organisée pour que proies et prédateurs fassent partie de l'équilibre naturel.

Malheureusement, les inventions humaines vont, bien souvent, à l'encontre de ce qui devrait être dans l'ordre des choses.

 

Ici, à Saint Jean, on accueille et protège toute cette joyeuse bande de boules de plumes pour avoir encore longtemps le plaisir d'admirer la silhouette furtive de la sittelle glisser la tête en bas autour des troncs, les mésanges, pinsons, moineaux et autres rouges-gorges venir égayer de leurs vocalises notre petit coin de campagne et notre jardin.

 

 

Bonne semaine !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mes hirondelles, aquarelle
Roitelet, croquis aquarellé
Mésange, aquarelle

 

Rédigé par Yves de Saint Jean

Publié dans #Potager de Saint Jean

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J
Le "roitelet" ressemble fort à un troglodyte...Par chez nous on le dit "berrichot" !
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Y
bonsoir<br /> merci, je viens d'apprendre un nouveau mot<br /> Amitiés <br /> Yves