JOYEUSES PÂQUES

Publié le 20 Avril 2025

 

 

Fête célèbre entre toutes, Pâques signifie pour les chrétiens le jour de la résurrection du Christ. Elle marque la fin du Carême et s’accompagne de la renaissance de la nature, elle-même longtemps engourdie par les grands froids. Pâques est le dimanche qui suit la première lune de printemps, c’est-à-dire selon la définition établie par le concile de Nicée en 325 : « Pâques est le dimanche qui suit le 14e jour de la lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après. »

Le calcul de la date de Pâques permet de déterminer la date des fêtes associées que sont l’Ascension et la Pentecôte. Ainsi, selon cette définition, Pâques tombe entre le 22 mars et le 25 avril de chaque année.

Précédée par la Semaine sainte qui sépare le dimanche des Rameaux du dimanche de Pâques, elle était dite « semaine peineuse » en Franche Comté, «  semaine noire » en Limousin ou encore « semaine absolue » en Anjou. A Paris, jusqu’à la Révolution on la nommait « semaine de l’angoisse ».

La plupart de tous ces évènements du passé ont été accompagnés et caractérisés par des symboles, des coutumes et des légendes, parmi lesquelles l’agneau et les œufs mais aussi celle des cloches qui selon la tradition populaire, du Jeudi saint au Samedi saint, quittent leurs clochers, s’envolent et vont à Rome pour y revenir miraculeusement ou encore le mystère de ces possédés du diable venant chaque année à la Sainte-Chapelle pour s’en délivrer.

 

Haut comme trois pommes, chez Marceline et Louis et sous les ordres de la croyante Juliette, mon arrière-grand-mère maternelle, je me souviens que nous allions cueillir un brin de buis (l’arbre est toujours là) pour le déposer sur la tombe d’un aïeul après l’avoir fait bénir. Ce souvenir m’a donné l’idée d’aller fouiller dans mes vieux grimoires et autres almanachs à la recherche de ces croyances qui ont peuplé l’imaginaire de nos ancêtres.

 

 

 

 

Rameaux et Semaine-Sainte

 

Il est dit dans les Evangiles que Jésus se trouvant près de la Montagne des Oliviers, envoya deux disciples emprunter un ânon. Ceux-ci et les assistants étendirent leurs vêtements sur le bourricot pour servir de selle à Jésus.

Beaucoup, ayant entendu dire que Jésus se rendrait à Jérusalem, prirent les branches des palmiers et allèrent au-devant de lui en criant « Hosanna ». Jésus se rendit au temple, en chassa les marchands, renversa les tables des changeurs et les chaises des marchands de pigeons : « de la maison de mon père vous avez fait une caverne de voleurs. »

De ces textes viennent la bénédiction des Rameaux, la procession avec la fermeture et la réouverture des portes des églises et le nom d’Hosanna parfois donné au dimanche des Rameaux.

« Pâques à buis », « dimanche hozannier », « Pâques fleuries », « dimanches des paumes (palmes) » sont d’autres noms de cette fête dont la liturgie s’est profondément unifiée à certains rites populaires d’accueil du printemps.

Selon les provinces, on bénit à l’office de ce jour brins de buis, laurier, olivier, houx ou sapin dont chaque paroissien apporte sa branche à l’église. On nomme ces rameaux « Rampans », « Ozannes » ou « Pâquerettes » avec toutes les variantes locales. Certains sont décorés de rubans, fruits ou sucreries.

Il est dit que durant la procession, il faut observer le sens et la force du vent dans le rameau bénit, ce sera le vent dominant de l’année. Tout le temps de la Passion est ainsi marqué de phénomènes et de prédictions météorologiques.

Il convient alors de se rendre au cimetière et de déposer sur les tombes familiales une brindille du rameau bénit, il s’agit aussi d’un hommage rendu aux morts. La grande croix du cimetière devenue « croix hosannière » ou « croix boisselière » est alors décorée de bouquets ou couronnes de buis bénit.

A la maison, les rameaux de l’année précédente sont cérémonieusement brûlés ou fixés à la toiture soit conservés pour être jetés dans le bûcher de la Saint Jean. Les rameaux frais bénits sont divisés et garnissent les crucifix et parfois le joug des bœufs. Dans certaines régions, on pique des brindilles aux quatre coins des jardins, vergers ou des champs à protéger.

Il est important de ne pas se démunir totalement de buis bénit car il serait peut-être nécessaire, avant les prochaines Pâques fleuries, d’en brûler un brin pour écarter la foudre.

 

 

 

 

La Passion

 

Dans le cycle de la Passion, le Jeudi saint est le jour où Jésus, après avoir présidé la Cène, se rend avec ses disciples au « Jardin des Oliviers », où il est trahi par Judas et arrêté.

Entre ce jeudi et le dimanche de Pâques, période qui forme un tout dramatique, se déroulent un certain nombre de cérémonies liturgiques enrichies de nombreuses coutumes et croyances.

Le Jeudi saint, à l’intérieur des églises, on dépouille les autels, on masque les statues, on éteint les cierges.

Après l’intonation du « Gloria » à la messe du jour, les cloches se taisent. On n’entend plus leur voix avant le samedi. Selon les régions, on dit qu’elles vont à Rome faire leurs Pâques, rendre visite au pape, se confesser ou chercher des œufs qu’elles laisseront tomber à leur retour dans les parcs et jardins.

 

 

 

 

Le Vendredi Saint

 

« Depuis la sixième heure, dit l’Evangile, jusqu’à la neuvième, il y eut les ténèbres sur la terre (…) A la neuvième heure, Jésus poussa un grand cri et rendit l’esprit. »

Ce Vendredi saint est un des jours de l’année les plus chargés en interdictions et prescriptions de toutes sortes, indépendamment des gestes liturgiques, processions et diverses figurations de la Passion.

Ainsi ce vendredi, est un jour ou chanter et rire porte malheur tout comme faire la lessive, ce serait laver le linceul d’un membre de la famille. Il convient de faire maigre pour respecter l’interdit religieux.

Selon les régions, il n’est pas permis de cuire le pain, faire le ménage, lier ou atteler les bêtes et même de les mener aux champs. Le Christ gisant au tombeau, il serait malvenu de labourer, ce serait creuser sa propre tombe.

D’une manière générale, il convient d’éviter tout ce qui peut rappeler les scènes de la crucifixion. En mémoire des clous et de la mise en croix, le forgeron doit cesser le travail tout comme le charpentier.

 

 

 

 

Le Samedi Saint

 

Dans le cycle de Pâques, le Samedi saint est entre la mort du Christ et sa résurrection. C’est un jour d’attente marqué par des bénédictions et des fêtes.

C’est le jour du renouvellement de l’eau bénite et chaque foyer en fait sa provision pour l’année car tout comme le buis des rameaux, l’eau bénite procure de nombreux bienfaits.

A la messe, à l’instant du « Gloria », les cloches recommencent à sonner, les eaux des sources et fontaines se trouvent douées de vertus sacrées. Dans certaines régions, le curé dépose du sel bénit sur les seuils des maisons ou asperge d’eau bénite les lits, les foyers, les portes des étables, les champs.

C’est aussi ce jour que se fait le « feu nouveau » avec allumage rituel du cierge pascal, lui-même bénit à partir duquel on rallumera les autres lumières.

C’est aussi le « jour quêteux ». Les enfants et plus particulièrement les enfants de chœur passent dans les maisons, crécelles en main faire le « réveiller » : « réveillez-vous gens qui dormez, priez Dieu pour les trépassés… », raconte la ritournelle. Le don habituel consiste en œufs que l’on mangera le dimanche et le lundi de Pâques.

 

 

 

 

L’œuf de Pâques

 

L’œuf tient dans les coutumes de Pâques une place particulière.

Jusqu’à la Révolution, l’œuf le plus gros du royaume pondu durant la Semaine sainte revenait de droit au roi.

L’offrande d’œufs teintés et colorés prenant souvent la forme et la couleur d’œufs en chocolat est presque générale.

Ces cadeaux de printemps répondent à une idée qui nous vient des orientaux. L’œuf est le symbole de l’état primitif du monde, de la création qui a développé le germe de toutes choses. Au nouvel an qui s’ouvre en Orient à l’équinoxe de printemps, on célèbre une fête analogue à celle de notre jour de l’an. A cette époque du renouvellement de la nature et de l’année, on échange des présents et l’on s’envoie de toutes parts des œufs peints et dorés, destinés à rappeler le commencement des choses.

La même idée devait présider à ces sortes de cadeaux dans le temps où l’année commençait en France le jour de Pâques.

Charles IX (1550-1574), en fixant le début de l’année au 1er janvier a fait perdre aux œufs une partie de leur importance, mais ils sont cependant restés pour célébrer, à défaut de l’année, la renaissance de la nature. Autrefois, en France, les œufs de Pâques avaient un caractère religieux. On ne les distribuait qu’après les avoir fait bénir solennellement le Samedi saint. Tradition, aujourd’hui, entièrement perdue.

Les œufs étaient colorés naturellement en jaune foncé cuits avec de la pelure d’oignons, en brun avec de la chicorée, en vert jaunâtre avec des racines d’orties ou en vert avec des feuilles de lierre ou d’artichauts.

Le dimanche de Pâques les œufs servaient aussi à un certain nombre de jeux comme le « chiche œufs » qu’à Paris on appelait « le goulu d’œufs ». On jouait aussi à la « bataille d’œufs », le « jet d’œufs en l’air » ou encore la « toquette » où chacun des joueurs tient dans sa main un œuf dur et le cogne sur celui de l’adversaire, celui dont l’œuf se casse a perdu.

Les œufs dont on ne se sert pas finissent dans les plats rituels de Pâques, omelettes géantes, pâtisseries ou préparations diverses comme ce « pâté de Pâques » à base de hachis de viande et d’œufs durs.

Marqué par la dégustation de l’omelette, la fin du Carême autorise à nouveau la viande. Dans certaines régions on mange le jambon droit du cochon tué la veille de Mardi Gras et tiré du saloir le Mercredi saint. Un peu partout, la viande de Pâques est le plus souvent du chevreau.

Enfin le pain de Pâques doit être plus blanc que l’habituel pain de ménage, ici et là décoré ou préparé de façon particulière, nommé « pogne » ou « pompe » entre Lyonnais et Provence. On en mange encore le lundi de Pâques.

Pâques n’est pas une fête comme les autres. Autrefois riche de coutumes, de nos jours oubliées, elle demeure néanmoins pour les chrétiens le jour de la résurrection du Christ avec encore de nombreuses processions parfois grandioses et riches de symboles. Elle marque la fin du Carême, le renouveau de la nature et se célèbre dans la joie.

 

La semaine prochaine, je vous raconterai le « mystère des cloches de Pâques » partant pour Rome, étonnant.

 

 

 

Bonne semaine et Joyeuses Pâques !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par Yves de Saint Jean

Publié dans #patrimoine

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