PETITES LEGENDES DU MOIS DE JUIN

Publié le 15 Juin 2025

 

 

Dans le livre « La légende des mois » d’Albert Lévy (1879), il est écrit que le mois de Juin est représenté « sous la forme d’un homme nu, montrant du doigt une horloge solaire, pour signifier que le soleil commence à descendre ; il porte une torche ardente, symbole des chaleurs de la saison ; derrière lui est une faucille, parce que le temps de la moisson approche. »

 

 

 

 

Le mot juin doit peut-être son nom aux juniores, jeunes gens, ou à Juno, Junonis, Junon ? Quelques auteurs, en adoptant la première étymologie, supposent que dans ce mois on célébrait la fête de la Jeunesse ; ce sont les mêmes auteurs qui font dériver le mot mai du terme latin majores, qui veut dire hommes âgés. Cependant la seconde étymologie paraît assez probable, quand on se souvient que précisément, chez les Romains, le mois de juin était consacré à la déesse Junon, femme de Jupiter et mère de Vulcain, d’Hébé et de Mars. On pense encore à Junius Brutus, premier consul.

Chez les gaulois, juin était le grand mois de Zonna, la déesse soleil, ou mois du long jour. Charlemagne l’appelait mois des friches. Dans le calendrier républicain, il correspond à Prairial.

 

 

Junon sur son trône

 

 

Ceci étant dit pour justifier les étymologistes qui font du mois de juin le mois de la jeunesse, je reviens à la déesse Junon. Fille de Saturne et de Rhée, épouse de Jupiter, Junon mit souvent le trouble dans l’Olympe par son caractère jaloux et vindicatif. Ses cruautés sont bien connues : la pauvre nymphe Chélonée, coupable de retard le jour du mariage de Junon, fut métamorphosée en tortue ; la reine des Pygmées, Pigas, coupable d’avoir osé se comparer à l’épouse de Jupiter, fut changée en grue ; les filles de Proctus, qui s’étaient proclamées plus belles que Junon, furent changées en génisses ; la nymphe Callisto fut changée en ourse... Junon, qui avait, comme on le voit, le génie des transformations, persécuta en outre Latone et Apollon, le berger Pâris, la nymphe Écho.

 

« S’il tonne au mois de juin

Année de paille et foin. »

 

Junon est représentée « assise sur un trône, un diadème sur la tête, un sceptre d’or à la main. Quelquefois elle traverse les airs sur un char traîné par des paons. » Homère la représente « habitant une chambre que son fils Vulcain lui a construite, et dont les portes sont munies d’une serrure cachée qu’aucune autre divinité qu’elle ne peut ouvrir. Elle a pour parure une robe tissée et brodée par Minerve, une ceinture ornée de mille franges, des boucles d’oreilles garnies de trois pierres qui brillent comme des yeux, un beau voile et de magnifiques chaussures. »

En Grèce, on adorait Junon sous le nom d’Héré ; elle personnifiait le mariage. Son culte était célébré avec le plus grand éclat à Sparte, à Mycènes, à Argos. L’un de ses temples, appelé heroeum, situé dans la vallée du mont Eubée, entre Argos et Mycènes, passait pour un des chefs-d’œuvre de l’art grec. Tous les cinq ans, on célébrait en son honneur des jeux appelés Hérées, où le vainqueur recevait un bouclier et une couronne de myrte. A Rome, on célébrait le 1er juin la fête de Junon Monela, ainsi nommée à cause d’un de ses temples dans lequel on fabriquait la monnaie. Ce même jour on célébrait la fête des Tempêtes et l’on offrait des sacrifices à Carna, déesse qui présidait au coeur, au foie et aux entrailles du corps humain. Carna était aussi la déesse des gonds de portes (!). On offrait à la déesse de la bouillie faite avec du lard et de la farine de fèves ; la fête s’appelait Fabaria (fève). Le 8 juin, on fêtait Mens, déesse de l’intelligence ; le 20 juin était consacré à Summanus, dieu des éclairs et du tonnerre ; le 24 juin, jour du solstice d’été, était réservé à la Fortune, fille de Jupiter, qui avait à Rome plus de temples à elle seule que toutes les autres divinités réunies.

 

Abeilles en mai valent un louis d’or

Abeilles en Juin, c’est chance encore. »

 

 

Junon et Jupiter

 

 

Jupiter est le souverain des dieux qui s’empara du trône céleste en dépossédant son père Saturne. Les Grecs l’adoraient sous le nom de Zeus, et les Romains, conservant ce nom et le faisant suivre du mot pater qui veut dire père, ont fait Zeus pater, Jupiter. Père des dieux et des hommes, fondateur des empires, protecteur de l’ordre et de la liberté, Jupiter habite l’Olympe, montagne divine qui s’élève jusqu’aux cieux. On le représente assis sur un trône d’or ou d’ivoire, tenant d’une main la foudre, signe de la puissance qui frappe, et de l’autre un sceptre, emblème de la force qui gouverne. L’aigle, le chêne et les cèdres des montagnes lui étaient consacrés. Ses temples étaient nombreux ; on admirait surtout ceux d’Olympie et de Dodone. Parmi les fêtes données en son honneur, il faut placer en première ligne la fête des Olympies.

Les jeux Olympiques duraient cinq jours. Des hérauts proclamaient par toute la Grèce la trêve sacrée, qui arrêtait pour un mois les opérations militaires. Cinq exercices étaient offerts aux lutteurs : le saut, la course, le disque, le javelot et la lutte ; les poètes, les écrivains, les artistes, venaient faire connaître leurs œuvres. Les rois les plus puissants venaient y disputer les prix. L’historien Suétone raconte que l’empereur Néron conduisit lui-même un char de dix chevaux et que, bien qu’il fût tombé et mis dans l’impossibilité de continuer la lutte, il fut néanmoins proclamé vainqueur... Les triomphateurs recevaient une couronne d’ache, d’olivier ou de laurier ; leurs noms étaient inscrits dans les registres publics. Les villes dont ils étaient originaires leur élevaient des statues de marbre ou de bronze. Ils rentraient dans leur patrie avec tout l’appareil du triomphe, au milieu d’un nombreux cortège, vêtus de pourpre, quelquefois sur un char auquel on ouvrait un passage à travers les murs de la ville.

 

 

Juin- La Belle Jardinière - Eugène Grasset (1845-1917) Affichiste, graveur, décorateur né à Lausanne, décédé à Sceaux

 

 

Du 1er au 21 juin, les jours continuent à augmenter. Du 17 au 25 juin, la durée du jour est sensiblement la même : « sol stat », le soleil s’arrête. Nous sommes au solstice d’été. Des fêtes annuelles avaient lieu à cette époque de l’année. Aujourd’hui encore, on célèbre par des feux de joie le jour de la Saint-Jean, qui arrive à l’époque du solstice d’été. Pour les bûchers collectifs, les membres de la communauté apportent eux-mêmes branches, fagots, bûches, brindilles, genêts, paille, ronces, chacun selon se force et sa richesse. Le devoir de chacun étant de participer à la cérémonie, à la fois par le don et par le travail.

C’est aussi l’époque de la récolte des herbes de la Saint Jean avant le lever du soleil.

En juin, la religion catholique célèbre deux fêtes principales : La sainte Trinité, le dimanche qui suit la Pentecôte et la Fête Dieu instituée au 13e siècle par le pape Urbain IV dite aussi Corpus Domini ou Corpus Christi.

 

 

Les agriculteurs redoutent l’échéance du 8 juin, jour de la Saint-Médard :

Quand il pleut à la Saint-Médard,

Et que Saint Barnabé (11 juin)

Ne lui coupe pas le pied

Il pleut quarante jours plus tard.

 

Il est probable que ce dicton remonte beaucoup plus haut que l’établissement du calendrier grégorien : or, quand on a introduit ce calendrier dans l’usage officiel, on a supprimé, pour une fois seulement, les fêtes de douze saints, ce qui a avancé de douze jours celles de tous les autres saints. La fête de la Saint-Médard tombait donc autrefois vers le 20 juin, jour voisin du solstice d’été. Mais, à cette époque de l’année, le soleil occupe pendant quelques jours la même position par rapport à la terre ; la chaleur envoyée par le soleil reste la même durant cette période et, les conditions météorologiques variant peu, on doit supposer que le temps ne changera pas pendant quelques jours. Si donc il pleut à cette époque, la pluie a quelque chance de durée.

Si nos agriculteurs se sont inquiétés aussi vivement de l’influence de saint Médard, c’est, il faut le dire, parce qu’ils redoutent en juin l’abondance des pluies, ainsi que l’attestent certains proverbes agricoles :

Juin pluvieux vide celliers

Et greniers.

*

Quand il pleut pour Saint-Médard

La récolte diminue d’un quart.

*

Eau de Saint-Jean ôte le vin

Et ne donne pas de pain.

 

Je pourrais multiplier ces dictons populaires, qui résument un souhait des agriculteurs, avoir un mois de juin moins pluvieux et plus chaud que le mois de mai.

C’est en juin que se termine le mois républicain de prairial et que commence, le 21, messidor, mois des moissons. En juin, vers la Saint-Jean, commencent la fauchaison et la fenaison, c’est-à-dire les opérations qui consistent à couper le foin, à le faire sécher sur les prairies et à le rassembler en meules, en bottes, pour le mettre au sec. Dans ce mois a lieu la tonte des moutons ; Le  potager fournit pois, fraises, artichauts... ; le verger prodigue ses fruits rouges : cerises, groseilles et framboises... la terre récompense avec usure les laborieux efforts de celui qui la cultive.

 

« En juin, soleil qui donne

n’a jamais ruiné personne »

 

Alors, vive de mois de Juin !

 

 

Bonne semaine !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par Yves de Saint Jean

Publié dans #Potager de Saint Jean

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