LES BONS MOTS... ET L'ESPRIT D'AUTREFOIS

Publié le 30 Juillet 2023

 

 

Notés dans mon carnet « Moleskine » au cours de mes lectures, je vous livre, pour ce dernier article avant ma petite pause estivale, quelques mots échangés autour de bonnes tables dans l'esprit d'autrefois.

 

 

 

*

Madame Aubernon, née Lydie Lemercier de Nerville, a tenu l'un des plus célèbres salons parisiens à la fin du 19ème siècle. Elle recevait tous les jours de cinq à sept, donnait un dîner intime un vendredi sur deux et un « dîner sérieux » tous les samedis.

Toutes les illustres « plumes » de l'époque furent invités à ces conversations que la dame dirigeait à la sonnette. Toute personne qui tentait de prendre la parole était rappelée à l'ordre.

Un soir, Jules Simon, philosophe et homme politique, voisin de table de Renan, développait avec son charme onctueux certaines théories sociales qu'écoutait, indifférent, l'auteur de «l'Histoire des origines du christianisme » qui demeurait volontiers sceptique à l'endroit de l'éloquence d'autres intervenants.

A un moment, il ouvrit la bouche comme pour parler. Mais la dame lui imposa le silence.

« Tout à l'heure, Monsieur Renan, nous serons ravis de vous entendre. »

Renan s'inclina.

Vers le dessert, seulement, l'orateur à bout d'élocution, s'arrêta. Alors on se tourna vers l'illustre écrivain :

« A vous Monsieur Renan, dit la maîtresse du logis. Que vouliez-vous dire ? »

« Mon Dieu, Madame, je crois qu'il est maintenant bien inutile... »

« Du tout, du tout, cher ami, je vous en prie ! »

Et Renan, avec sa bonhomie malicieuse :

« Je voulais redemander des petits pois ! »

 

 

 

 

Alphonse Allais prétendait que les femmes n'écoutent jamais ce qu'on leur dit, sauf lorsqu'il est question d'amour ou d'argent.

Un ami lui répondit que c'était exagéré et Allais proposa de faire une expérience. Les deux hommes devaient justement se rendre à un dîner.

En arrivant, Allais dit à la maîtresse de maison :

« Excusez-moi, chère Madame, mais nous venons de voler et tuer une vieille rentière. Cela nous a mis en retard !

« Aucune importance, répondit la dame avec un sourire aimable. Maintenant nous allons pouvoir passer à table ! »

 

 

 

 

Les flatteries de Talleyrand étaient le plus souvent nuancées. Quand, par exemple, il recevait, il savait graduer les politesses selon le rang ou l'importance de ses convives.

Il servait lui-même ses invités, accompagnant chaque fois son geste d'une courte phrase ou d'un mot.

« Monsieur le Duc, votre Grâce me ferait-elle l'honneur d'accepter de ce bœuf ?... »

« Monsieur le Maréchal, aurai-je l'honneur de vous offrir du bœuf ?... »

« Comte, aurai-je le plaisir de vous donner du bœuf ?... »

« Mon cher Baron, voulez-vous du bœuf ?... »

« Mon ami, prenez un peu de ce bœuf … »

Et, au convive du bout de la table, il lançait ce seul mot :

« Boeuf ? »

 

 

 

 

Quand Louis XIV allait à la chasse, on portait à sa suite quarante bouteilles de vin, dont il ne goûtait pas. Un jour que le roi soleil eut soif, il demanda un verre de vin.

« Sire, il n'y en a plus...

« Comment, plus de vin ! Est-ce que l'on ne porte plus les quarante bouteilles ?

« Oui, sire, mais tout est bu.

« Qu'on en porte à l'avenir quarante et une, afin qu'il s'en trouve une pour moi !

 

Ayant invité Boileau à sa table, il lui demanda son opinion sur quelques vers qu'il avait composés.

« Sire, répondit Boileau, rien n'est impossible à votre Majesté. Elle a voulu faire de mauvais vers et Elle a réussi. »

 

 

 

Rachel par William Etty

 

 

La célèbre tragédienne Rachel (1821-1858) dont le jeu soulevait l'admiration fut un modèle pour Sarah Bernhardt. Elle mourut à 37 ans de tuberculose.

Désirant un jour avoir Alexandre Dumas à déjeuner, elle lui adressa le petit mot suivant :

« Mon cher ami,

Venez déjeuner demain avec moi. Vous ne vous amuserez certes pas beaucoup, parce que je n'ai pas d'esprit ; mais votre visite me permettra d'en avoir le lendemain, car j'ai bonne mémoire...»

 

 

Sur ces bonnes paroles, je vous souhaite un excellent mois d'août. Profitez du moment présent, de vos amis, enfants, petits enfants pour recharger les batteries, pour marcher, faire du vélo, visiter des châteaux, des musées, des jardins, lire les derniers romans et reprendre des forces pour affronter au mieux les épreuves de la rentrée.

 

 

 

 

Le bloggeur fatigué se repose sous les feuillages de son jardin !

 

 

A bientôt en septembre !

 

 

 

 

 

Rédigé par Yves de Saint Jean

Publié dans #personnages

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D
Merci pour ces belles histoires et ces bons mots. Bon été à partager avec Catherine <br /> Pascal
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Y
Merci<br /> A bientôt
M
Oui merci et bon dodo sous tes feuillages !<br /> Myriam
Répondre
Y
merci <br /> Bizzzzzzz
R
Merci de nous régaler chaque dimanche par tes écritures bon repos à toi également ainsi qu'à Catherine<br /> Je vous embrasse
Répondre
Y
merci<br /> A bientôt