C'EST NOEL !

Publié le 23 Décembre 2022

Nativité 16ème siècle - Giovanni Di Pietro

 

«...Il a fallu que l'on vienne saccager la lumière de cette nativité, la poésie d'une histoire sainte héritée de siècle en siècle. On a mis de la politique, de la méchante politique, de la haine, de la bêtise, de l'ignorance et même de la violence au pied du berceau de l'Enfant roi, qui n'était que paix, tendresse et espérance.

On a même porté l'affaire devant des juges au cœur sec, comme si la crèche relevait d'un article de loi, fut-elle de 1905...Quelle honte, quelle tristesse ! On en aura les conséquences... » - Francois d'Orcival, de l'Institut

 

 

 

 

 

 

Dans tout l'Occident on fête Noël, la naissance du Christ.

La question qui nous intéresse est de savoir pourquoi ont été concentrées la plupart des fêtes en cette période : Noël, Saint-Nicolas, Épiphanie, Nouvel An.

Tout simplement parce qu'il se passe, à ce moment, une chose extraordinaire dans le ciel, un phénomène unique qui nous dépasse.

Il ne survient qu'une fois dans l'année et des milliers de générations qui nous ont précédés l'ont observé et honoré.

Il s'agit du moment précis où les jours allongent et que les nuits commencent à raccourcir, une situation cosmologique qui donne le sentiment d'une renaissance, le début d'un cycle irrépressible qui rythme la terre, les hommes, les récoltes.

 

Bien avant notre ère chrétienne et la naissance de l'Enfant Roi, très loin où s'enracine notre plus lointaine mémoire, le solstice d'hiver, triomphe de la lumière sur les ténèbres, était déjà à l'origine de nombreuses fêtes : celle du soleil et celle de la nuit au delà de laquelle les jours commencent à rallonger.

Avec le temps, les deux célébrations finirent par se rejoindre et se confondre, à tel point que l'on disait au début des temps chrétiens : « béni soit Dieu de nous avoir donné le soleil, car il unit en un même culte les chrétiens et les païens. »

Ce sont sans doute ces deux traditions qui nous ont donné Noël, cette fête telle que nous l'aimons.

 

Au premier son de cloches convoquant les paroissiens à venir fêter la nativité, fermes, masures et chaumières se vidaient et par petits groupes, femmes, jeunes, vieux, fermiers, châtelains à pied ou en carrioles se mettaient en route sur les chemins gelés en entonnant des cantiques.

Dans la nuit froide tout ce petit monde se retrouvait à la messe de minuit pour commémorer la naissance de Jésus de Nazareth. Chacun se signait en passant devant la crèche. On avait allumé les quatre bougies de l'avent sur une couronne faite de branches de sapin. Elles symbolisent la lumière qui va renaître le soir de Noël.

 

Les femmes étaient venues avec leur chaufferette pour se tenir les pieds au chaud pendant l'office dans cette grande église glaciale puis à la fin de la cérémonie, on se séparait dans « la paix du seigneur » et la bénédiction de monsieur le curé.

 

 

 

Noël de France - Maurice Vioberg 1938

 

 

Au retour, avant de s'installer, on est allé dans l'étable donner du picotin aux bêtes afin qu'elles participent à la fête en souvenir du bœuf et de l'âne qui avaient accompagné Jésus dans la crèche.

Il est dit, il y a de ça quelques années, un siècle ou plus peut-être, on ne sait pas, dans bien des villages et des hameaux de nos campagnes, la nuit de Noël et dans l'espace des douze coups de minuit, les animaux avaient le don de paroles comme de grandes personnes et malheur à celui ou celle qui aurait tenté de surprendre leurs conversations.

 

A la maison, on brûle la bûche, la plus belle que l'on puisse trouver pour qu'elle flambe haut et clair dans la cheminée.

La veille de Noël après le repas du soir, on avait balayé avec soin la « place » du foyer, indiquant ainsi que l'année s'achevait et que le soleil qui éclairerait à nouveau les gens de la maison ne trouverait sous ses rayons aucun grain de poussière.

La maîtresse de maison prenait alors une bouteille d'eau bénite et un brin de buis béni le jour des rameaux. Elle aspergeait le feu qui venait d'être allumé de façon à ce que la première flamme soit touchée par les gouttes d'eau.

 

On se régale alors des mets traditionnels de ce repas unique et festif, le réveillon, fait de pâté en terrine, poulet rôti, châtaignes grillées, tarte aux pommes et bons vins. Les anciens racontent des histoires qu'ils interrompent régulièrement pour frapper la bûche avec la pelle à feu pour en faire jaillir le plus possible d'étincelles en disant : « Bonne année, bonnes récoltes, autant de gerbes et gerbillons ».


 


 

Une tradition venue des rives méditerranéennes qui peut varier d'une région à l'autre veut qu'au retour de la messe de minuit, figurent les treize desserts sur la table recouverte de trois nappes blanches avec trois bougies qui représentent la Trinité.

Noix, noisettes, amandes, poires, pommes, figues, oranges, mandarines... peu importe. L'essentiel est qu'il y en ait autant que de participants à la Cène.

Partout doit y figurer le mendiant, ainsi nommé car ses couleurs de fruits secs sont celles de la robe de bure des « ordres des mendiants » ayant fait vœux de pauvreté, noix ou noisettes pour les Carmes, figues sèches pour les Franciscains, amandes pour les Dominicains, raisins secs pour les Augustins.

 

Le mendiant, l'air de rien, peut cacher toute une histoire. Ainsi la noix est le symbole de l'essentiel dissimulé sous l'accessoire. Un fruit divin ainsi que le raconte le mythe d'Artémis, elle-même la déesse de la nature sauvage, douée de clairvoyance qui fut aussi métamorphosée en noyer.

La noisette est, dit-on, la noix du pauvre mais le coudrier était l'arbre préféré de la Vierge. Quant à l'amande, elle est la petite fille de Zeus. Une vieille légende raconte que placée sur le sein de la fille d'un dieu, elle lui permit de concevoir un enfant, étant ainsi mère et vierge.

 

A l'heure où dans cette période troublée, incertaine où nos élites, lâches, souvent incompétentes, quelquefois corrompues, abandonnent, parfois dans le désespoir et la solitude, celles et ceux qu'elles considèrent comme « gens de rien », nous allons fêter Noël et la renaissance de la lumière.

Noël en nos maisons paisibles, dans la magie des contes, les tables décorées, les douceurs nacrées, les décors givrés, les arômes de cuisine, les transparences délicates or et argent, nous le fêterons modeste, tranquille, familial.

Offrez-vous et aux enfants de vrais moments de rêve, de calme, de bonheur, des images sereines, lumineuses, souriantes.

 

Inventez, bricolez, cuisinez, innovez, Noël est une fête dont personne ne peut nous priver.

 

 

 

Fête de Noël -A. des Tilleuls 1881

 

 

 

Dans le Journal de Rouen du 25 décembre 1897, Georges Dubosc dit Myop, peintre, journaliste et critique écrivait : « Devant les yeux émerveillés des tout petits, le verdoyant sapin, illuminé de mille petites lumières tremblotantes, se dresse tout chargé de jouets et de cadeaux qui, pendant des heures, mettent du bonheur dans les âmes de tout ce monde enfantin.

A ces joujoux d’un jour, on joint quelquefois une large distribution de bons vêtements chauds et de hardes neuves : tricots qui recouvrent les petits membres grelottants, mitaines qui préservent des engelures, foulards où s’enfouissent les petits nez rougis par la bise, bonnes galoches qui sonnent sur le pavé au moment des glissades. Et comme il n’est point de belles fêtes sans chanson, on chante quelques-uns de ces jolis noëls naïfs, sur des airs qui ont traversé les siècles et qui n’en sont pas moins une bonne et égayante musique ».

 

 

Célébration de Noël - Franz Doubek 1909

 

 

« Minuit ! Cette heure formidable. »

 

 

Dans « Histoire de ma vie » (1855), George Sand raconte ses souvenirs de Noël, « Minuit ! Cette heure formidable ».

 

« Ce que je me rappelle parfaitement, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à la barbe blanche, qui, à l'heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y trouverais à mon réveil.

Minuit ! Cette heure fantastique que les enfants ne connaissent pas et qu'on leur montre comme le terme impossible de leur veillée ! Quels efforts incroyables je faisais pour ne pas m'endormir avant l'apparition du petit vieux ! J'avais à la fois grande envie et grand-peur de le voir ; mais jamais je ne pouvais me tenir éveillée jusque là, et le lendemain mon premier regard était pour mon soulier, au bord de l'âtre. Quelle émotion me causait l'enveloppe de papier blanc ! Car le père Noël était d'une propreté extrême, et ne manquait jamais d'empaqueter soigneusement son offrande. Je courais, pieds nus, m'emparer de mon trésor. Ce n'était jamais un don bien magnifique car nous n'étions pas riches. C'était un petit gâteau, une orange, ou tout simplement une belle pomme rouge. Mais cela me semblait si précieux que j'osais à peine le manger. L'imagination jouait encore là son rôle, et c'est toute la vie de l'enfant.

 

Je n'approuve pas du tout Rousseau de vouloir supprimer le merveilleux, sous prétexte de mensonge. La raison et l'incrédulité viennent bien assez vite, et d'elles-mêmes. Je me rappelle fort bien la première année où le doute m'est venu sur l'existence réelle du père Noël. J'avais cinq ou six ans, et il me sembla que ce devait être ma mère qui mettait le gâteau dans mon soulier. Aussi me parut-il moins beau et moins bon que les autres fois, et j'éprouvais une sorte de regret de ne pouvoir plus croire au petit homme à barbe blanche.

 

J'ai vu mon fils y croire plus longtemps ; les garçons sont plus simples que les petites filles. Comme moi, il faisait de grands efforts pour veiller jusqu'à minuit. Comme moi, il n'y réussissait point, et comme moi, il trouvait au jour le gâteau merveilleux pétri dans les cuisines du paradis ; mais pour lui aussi la première année où il douta fut la dernière visite du bonhomme.

 

Il faut servir aux enfants les mets qui conviennent à leur âge et ne rien devancer. Tant qu'ils ont besoin du merveilleux, il faut leur en donner. Quand ils commencent à s'en dégoûter, il faut bien se garder de prolonger l'erreur et d'entraver le progrès naturel à leur raison. »

 

 

 

Joyeux Noël !!!!!

 

 

 

 

 

Rédigé par Yves de Saint Jean

Publié dans #patrimoine

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H
Merci Yves. Merveilleux Noël!
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Y
Merci et bonne année à toute la famille<br /> Amitiés <br /> Yves
M
Merci Yves de nous faire basculer dans l'enfance pour quelques temps !<br /> Joyeux Noël à vous et autour de vous.<br /> Monique
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Y
Merci et bonne année
L
Merci Yves !<br /> Oui, il est né le Divin enfant avec sa Miséricorde infini......Et qui nous ouvre la voie de cet Amour infini pour L'Eternité......Belles fètes de Noel à tous !
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M
MERCI POUR TOUT.<br /> BEAU ET JOYEUX NOEL À VOUS ET AUTOUR DE VOUS.<br /> TOUS MES VOEUX ET À TRÈS BIENTÔT . GHISLAINE MAILLET.
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Y
merci et Bonne année