LOUISE 22 ANS - CHENU 1793

Publié le 11 Mars 2019

 

* Un instant de vie *

 

En cette époque troublée de 1793-1794, dans les villes et villages  avec le régime de la « Terreur » nombre de françaises et français sont exécutés par d’autres français. A Paris, le roi Louis XVI a été guillotiné le 21 janvier 1793. Le nouveau régime provoque dans les campagnes de profonds bouleversements.

Nos aïeux deviennent ainsi des « citoyens » qui viennent à la « maison commune » pour la rédaction des actes de « naissance » qui remplacent ceux de baptême et de « décès » à la place de ceux de sépulture.

Le nom même de certain village change, ainsi Saint-Germain-d’Arcé devient pour quelques années « Arcé-sur-Fare »… un nouveau calendrier républicain s’installe après le décret du 5 octobre 1793 remplaçant le calendrier grégorien. Ce calendrier demeurera au fil des années une difficulté y compris pour les lecteurs d’aujourd’hui.

 

 

Le Porteau

 

 

Louise

Le récit fait suite à la lecture en mairie de Chenu de l’acte de naissance de son fils Mathurin le 14 octobre 1793. L’histoire de cette jeune femme est un exemple fort de la vie difficile de nos campagnes en cette époque troublée. Depuis sa naissance Louise fut peu favorisée par l’existence.

Le dimanche 13 octobre 1793, en fin d’après-midi, pressentant l’arrivée de son bébé, Geneviève Louise, âgée de 22 ans, demeurant chez René Alloyau à La Guerrière sur la commune de Saint-Germain-d’Arcé, allait rejoindre à la nuit tombante, après 3 heures de marche par les chemins peu sûrs, l’habitation des époux Touchard aux Buronnières à la lisière des bois de Boiserard, au sud-est de la commune de Chenu.

A la sortie de La Guerrière elle emprunte le chemin dit de « Vaas à Château-la-Vallière » passe à la Morinette, rejoint le chemin aujourd’hui disparu de « Saint-Germain à Chenu », longe le lieu-dit « Le Porteau » puis grimpe à la ferme du « Barré » où vécut un de mes cousins, marche sur les lieux actuels de la ligne de chemin de fer, puis sur l’emprise de la gare de Chenu et du « domaine des Longuerais » qui n’existait pas encore en 1793 et continue sur la « Fosse » qui n’était pas encore Beauregard. Elle rejoint la « Croix Thibon » emprunte la route de « Vaas à Brèches », longe la Roussinerie puis « Le Tertre » avant d’arriver à la Roussière. Au carrefour de « l’Halguière » elle entre dans les bois de Boiserard où quelques centaines de mètres plus loin elle arrive à destination épuisée au lieu-dit « Les Buronnières ».

226 ans plus tard tous les lieux-dits sont, pour la grande majorité, toujours présents avec quelques variantes. Ce parcours sur ces chemins de terre dits carrossables, en carriole ou à pied sur de telle distance furent certainement très pénibles à la jeune maman qui accoucha le lendemain vers 14 heures.

 

La Fosse Beauregard

 

Native de Chenu à la Closerie de La Croix

Louise était native de Chenu comme ses trois sœurs. Placée très tôt comme aide de maison puis employée de ferme, Louise connaissait par nécessité, tous les chemins de Chenu et des alentours… Elle était la fille de Jean Bourdillaux  né en 1729, vigneron à la "Closerie de La Croix"  non loin du bourg de Chenu. Il s’était marié trois fois :

1/ Le 3 février 1761 à l’âge de 32 ans avec Marie Choquet qui décéda le 18 février 1763.

2/ Le 26 janvier 1767 avec Marie Bourieu. Trois filles naquirent de cette union : Anne en 1768, Marie en 1769 (décédée en 1771)  et Geneviève Louise (en 1772). Cette seconde épouse meurt à l’âge de 30 ans.

3/ Le 2 mai 1773 avec  Marie Moran, une fille naîtra de ce mariage.

Jean Bourdillaux meurt à 45 ans le 2 mars 1774. Louise n’a que 2 ans.

20 ans plus tard, on peut mieux comprendre le choix de Louise d’aller accoucher à la Closerie des Buronnières après les nombreux décès autour d’elle à la Closerie de la Croix.

C’est sa cousine et marraine de baptême Louise Viau marié à Hilarion Touchard qui vont la recevoir et lui porter assistance. Près d’elle on retrouve aussi Jeanne Bertin et son époux Alexandre Pontonnier, tous deux vignerons aux Buronnières. Ils avaient une fille du même âge que Louise 21 ans.

 

 

La Closerie de la Croix

Si j’ai souhaité raconter cette histoire, c’est que 132 ans plus tard mon père, Norbert, naissait à la « ferme de la Croix » autrefois closerie sans qu’il y ait de relations entre la famille Bourdillaux et la mienne. Actuellement, ce sont des cousins du côté de mon père qui occupent les lieux.

 

 

 

Un grand merci !

Un grand merci à Jean Paul et Mary Bourdiliau pour leur autorisation à publier sur mon blog "cet instant de vie" qui s’est déroulé il y a 226 ans. Histoire simple, très émouvante liée à la vie de notre village de Chenu des Vaux-du-Loir.

Jean Paul et Mary,  un couple de passionnés qui depuis 30 ans accumulent, une montagne de documents sur près de 400 ans de vie sur leurs ancêtres et les événements historiques qu'ils ont traversés. Je ne peux que vous invitez à visiter leur site d'une richesse historique et patrimoniale impressionnante :

http://les.bourdillaux.free.fr/plan.html

Rédigé par Yves de Saint Jean

Publié dans #patrimoine

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