BALADE EN NORMANDIE
Publié le 26 Septembre 2019
Partir quelques jours, quitter les rives enchantées du « Chef-de-ville » notre rivière locale aux dimensions d'un ruisseau c'est ce que nous avons fait il y a quelques semaines en réponse à l'invitation de très bons amis, Dominique et Patrick, qui ont amoureusement restauré et transformé en gîte «le Petit Moulin» au Bec Héllouin en Normandie.
Ce fut l'occasion de réaliser quelques croquis et aquarelles et de redécouvrir ce village qui bénéficie du label des plus beaux villages de France.
Notre Dame du Bec, haut lieu spirituel
« La ligne d’Évreux suit un vallon étroit et rempli de sources, entre le village manufacturier de Pont-Authou et le Bec-Héllouin, annoncé de loin par la haute tour de son abbaye, si belle et ses grandes baies ajourées et ses pyramidions surmontant la balustrade. Au-dessous, les bâtiments de l'antique monastère ont encore grande allure, mais ils sont devenus une annexe du dépôt de remonte de paris. Les cavaliers et les chevaux animent aujourd'hui cette maison fameuse. Le parc, enfermé entre de puissantes murailles, sert de promenade aux animaux préparés pour l'armée ; ils ont piétiné une vaste pelouse qui tranche en noir sur la tonalité verte de ce paysage ». Ainsi s'exprimait en 1908 dans on « Voyage en France », Ardouin Dumazet de passage dans la région.
Ce haut lieu spirituel a traversé les vicissitudes de l’histoire et a bien
failli disparaître.
Construite en 1034, l’abbaye riche et puissante, phare de la Normandie, devint rapidement un haut lieu de la pensée occidentale et l’une des plus célèbres abbayes de toute la chrétienté. Très liée à l’Angleterre et à l’université de Cambridge, elle donna également trois archevêques à la cathédrale de Cantorbéry (souvent désignée par son nom anglais Canterbury) construite en pierre de Caen.
La Révolution française chasse le dernier moine en 1792 puis pille et détruit les lieux pendant une dizaine d’années. L’église est abattue et devient carrière de pierres.
En 1802, Napoléon transforme les lieux en dépôt d’étalons dépendant du Haras du Pin. On installe le manège dans le cloître du XVIIe siècle et la grande écurie dans le réfectoire mauriste lui aussi du XVIIe siècle. En 1845, les chevaux auront même accès au deuxième étage par le grand escalier des « matines ». On croit rêver mais cette utilisation des lieux par l'empereur les sauvera d'une totale destruction.
Après la seconde guerre mondiale, en 1947, une association de sauvegarde est créée qui permet le classement du site au titre des monuments historiques par arrêté du 30 janvier 1948.
Une nouvelle époque va alors s’ouvrir. L’État va prendre à sa charge le début des travaux de restauration puis louer les lieux à l’association qui les mettra à la disposition d’une nouvelle communauté bénédictine.
Pierre Mendès France, parlementaire et Président du Conseil Général, jouera un rôle important dans la renaissance des lieux. Restauré sans relâche depuis 1948, l’ensemble est aujourd’hui dominé par la Tour Saint-Nicolas.
Je vous invite à visiter ce lieu où règne une sérénité particulière, une paix feutrée et un silence protecteur.